Lutter, s'adapter ou inventer ?

Fusion du 18 mars par Bettina Laville

« Ce ne sera pas une fusion, mais plutôt un mixage, car ce fut un très bon débat… puisqu’à la fin, on ne sait plus quel était le sujet initial du débat ! Cela démontre qu’il faut soit resserrer le débat à l’avenir, soit une effervescence, un désir de paroles

En tout cas, je vous remercie d’avoir débattu pendant 1 heure en évitant de prononcer le mot de déclin. En revanche, vous n’avez pas évité les mots de transparence et de proximité. 

Proximité qui est pour Jean-Paul Delevoye une solution, alors que je pense que c’est la cause de nos problèmes.

Je constate qu’il n’y a pas eu vraiment de « battle », que vos thèses ne sont pas opposées, même si vos questionnements sont un peu différents.  Vous vous accordez aussi sur la question, sans réponse pour le moment, du ce qu’on doit faire ? Je rappelle que Lénine a écrit son livre « Que faire ? », juste avant la révolution : vous voyez que l’avenir est donc ouvert…

Je voudrais donc revenir sur 3 ou 4 expressions qui m’ont frappé. La première concerne la formation dont vous avez beaucoup parlé. Les gens, aujourd’hui n’acceptent plus les maîtres et comme on ne peut plus parler du collectif d’un point de vue général, chacun raconte son histoire pour reconstruire un sens collectif. C’est ce qu’a compris Pierre Rosanvallon qui a lancé cette expérience passionnante, avec sa collection de livres « raconter la vie » et son site internet (www.raconterlavie.fr) pour faire sortir de l’ombre des existences et des lieux, « la France des invisibles »… J’ai relevé également la socialisation hors travail, la belle expression de Cynthia « l’ingénierie du malheur », et la décomplexation, la politique du fait accompli que l’on vient de voir à l’œuvre au niveau international et qui pourrait se déployer au niveau national. Mais les vraies questions de votre débat me semblent se résumer à deux interrogations. La première, peut-on faire à partir des institutions actuelles ou faut-il tout réformer ? Ce pourrait d’ailleurs être le thème d’un prochain « Morning »… La seconde concerne l’articulation passé/futur. Que faire de notre histoire ? Comment pourrait-on avancer sans s’appuyer sur notre histoire et sur celle de l’humanité ? En ce sens, le débat sur le Panthéon et les « nouvelles entrées » est symbolique.

 

Enfin, je retiendrai également la très belle phrase de Jean-Paul Delevoye « quelle espérance du futur peut-elle transcender la douleur de ce qui disparaît ? ». Nous sommes dans ce questionnement et la réponse ne peut pas être seulement affective. Grâce à la psychanalyse, aux sciences cognitives, nous avons beaucoup évolué au XXe siècle sur l’humain, sur l’humanisme… même si les 2 guerres mondiales ont été des failles énormes. Mais ce qui manque aujourd’hui, c’est l’approfondissement de l’être humain par rapport à la construction d’une autre société. C’est ce qui fait que les gens sont dans le déni par rapport aux menaces environnementales. Le problème est si important qu’ils le refoulent dans leur inconscient, bien qu’ils le sachent au plus profond de leur être. Mais comme face à ces enjeux, il n’y a pas de réponse de civilisation, ils restent cois, ils sont dans une aporie, c’est à dire dans une contradiction, un problème insoluble. C’est le sens de nos débats de faire avancer l’aporie ».

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